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L’Espagne semble convoiter la présidence de la Banque centrale européenne

Le coup d’envoi de la course à la succession de Christine Lagarde à la présidence de la Banque centrale européenne en 2027 est sur le point d’être donné. Et deux poids lourds, qui n’ont jamais occupé ce poste, semblent susceptibles de concourir : l’Espagne et l’Allemagne.

Madrid est resté manifestement silencieux sur la nomination d’un remplaçant pour son représentant actuel au directoire de l’institution, Luis de Guindos, qui se prépare à quitter la vice-présidence en juin. De quoi alimenter les spéculations des marchés et des milieux des politiques publiques sur une candidature de la quatrième économie de la zone euro pour le poste le plus important.

La BCE devrait connaître un important remaniement de sa direction au cours des deux prochaines années, ce qui offre aux gouvernements nationaux une rare occasion d’installer des personnalités de confiance à la tête de l’une des institutions les plus puissantes de l’Union européenne.

Le poste de Luis de Guindos sera à pourvoir en mai 2026, tandis que ceux d’économiste en chef, de président et de responsable de l’importante division des opérations de marché seront tous vacants en 2027.

Alors que l’Allemagne, la France et l’Italie ont toujours occupé l’un des six sièges convoités du directoire, l’Espagne a déjà passé six ans sans y avoir de représentant. Si elle reste silencieuse à mesure que les autres postes sont pourvus, cela indiquera clairement qu’elle veut le plus prestigieux.

Le ministère espagnol de l’Economie s’est refusé à tout commentaire direct, mais a souligné que “l’Espagne reste fermement engagée à avoir une présence significative et influente dans les institutions européennes clés, comme elle l’a toujours fait”.

Miser sur la présidence est un pari pour Madrid, et la concurrence est féroce. D’autant plus que l’Allemagne, qui n’a jamais occupé le poste le plus élevé de la BCE, pourrait également vouloir saisir l’opportunité.

Pour une fois, l’Espagne a un candidat de poids en la personne de Pablo Hernández de Cos, l’ancien gouverneur de la Banque d’Espagne, aujourd’hui directeur général de la Banque des règlements internationaux.

Formé par l’ancien président de la BCE, Mario Draghi, Pablo Hernández de Cos a redoré la réputation de la Banque d’Espagne après une série de faux pas avant et pendant la crise financière. Sa réussite a été implicitement reconnue par sa nomination pour deux mandats à la présidence du Comité de Bâle pour le contrôle bancaire (CBCB), l’organisme mondial qui fixe les normes en matière de réglementation bancaire.

Mais inévitablement, l’ombre du président américain Donald Trump plane. Le transfert de Pablo Hernández de Cos à la BCE pourrait coûter à l’Europe le leadership de la BRI. Etant donné que l’Europe perd de son importance dans l’économie mondiale, le président américain pourrait persuader d’autres que — entre le FMI, le CBCB et le Conseil de stabilité financière déjà dirigés par des Européens — le Vieux Continent a plus que sa juste part.

Bien qu’elle ne soit pas puissante, la BRI est une institution très prestigieuse qui fournit une vue d’ensemble unique des flux financiers mondiaux. Deux personnes au fait des réflexions de la BCE ont confié à POLITICO que ses dirigeants actuels s’inquiètent du risque de perdre une place traditionnellement occupée par un Européen.

Le moment allemand

Beaucoup dépendra de l’Allemagne qui, comme l’Espagne, n’a jamais occupé la présidence de la BCE. Le gouvernement allemand se fera une opinion “en temps voulu” et s’abstiendra de spéculer à ce stade, a déclaré un porte-parole.

Ses précédents candidats, Axel Weber et Jens Weidmann, ont tous deux été victimes de leur foi inébranlable dans l’orthodoxie monétaire conservatrice, même en temps de crise. Mais aujourd’hui, après le pire choc inflationniste qu’ait connu l’Europe depuis plus d’un demi-siècle, le climat semble beaucoup plus propice à l’arrivée d’un dirigeant plus “faucon” (le camp favorable à une politique monétaire restrictive, dans le jargon des banquiers centraux, par opposition aux “colombes”, qui défendent une ligne plus souple).

En tant qu’actuel président de la Bundesbank, la banque centrale allemande, Joachim Nagel serait le choix évident. | Photo de pool par Maxim Shemetov via Getty Images

En tant qu’actuel président de la Bundesbank, la banque centrale allemande, Joachim Nagel serait le choix évident. Plus modéré que Weber ou Weidmann, le profil de Nagel pourrait être plus acceptable pour les autres Etats membres. Cependant, celui-ci — membre du SPD, deuxième parti au sein de la coalition allemande au pouvoir — a plus d’une fois marché sur les plates-bandes du chancelier Friedrich Merz, par exemple récemment, lorsqu’il a exprimé son soutien à l’émission d’emprunts communs au niveau européen pour financer des projets de défense.

Comme Hernández de Cos, Nagel pourrait également avoir de la concurrence au sein de son propre pays. L’ancien chef économiste d’Angela Merkel, Lars-Hendrik Röller, qui pèse toujours dans les milieux politiques berlinois, a suggéré le nom de Jörg Kukies, ex-ministre des Finances sous Olaf Scholz.

Bien qu’il soit social-démocrate, Jörg Kukies est clairement associé à l’aile droite du parti et ne s’est pas récemment opposé à Merz en public. Kukies pourrait bien être un candidat acceptable pour le chancelier, selon une personne proche de Friedrich Merz interrogée par POLITICO. Son anglais impeccable, son doctorat en finance de l’université de Chicago et son passage à la tête des opérations allemandes de Goldman Sachs favoriseraient également sa candidature.

Plus surprenant, lors d’un récent événement public à Berlin, le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, a semblé suggérer que Lars-Hendrik Röller faisait également la promotion d’une Allemande — plutôt que Joachim Nagel — pour la présidence.

Cette femme pourrait être l’actuelle responsable des opérations de marché de la BCE, Isabel Schnabel, dont on dit qu’elle convoite le poste. Toutefois, en temps normal, personne n’est autorisé à exercer plus d’un mandat au sein du directoire, ce qui signifie qu’il faudrait trouver une faille juridique pour la nommer. Etant donné la présence d’autres candidats et du fait que d’autres Etats membres pourraient la considérer comme trop faucon, un ancien membre du directoire ne voit pas de raison évidente pour que l’Allemagne prenne le risque de la mettre en avant.

Quoi qu’il en soit, Berlin pourrait préférer soutenir un faucon d’un autre pays, afin d’éviter les pressions qui l’obligeraient à renoncer prématurément à la présidence de la Commission européenne : le mandat d’Ursula von der Leyen expirant en 2029.

L’option néerlandaise ?

Un autre prétend pourrait être Klaas Knot, qui a quitté ses fonctions de président de la banque centrale néerlandaise en juin après quatorze années à sa tête. Ancien président du Conseil de stabilité financière, comme Mario Draghi, Klaas Knot a une grande expérience des institutions et une expertise en matière de politique monétaire. Le mois dernier, Christine Lagarde a tenu des propos explicitement élogieux à son endroit, vantant son “intelligence”, son endurance et sa capacité “rare” et “très nécessaire” à inclure les gens.

La plupart des obstacles qui se dressent sur la route de Klaas Knot semblent surmontables : alors qu’il a adopté une ligne clairement faucon tout au long de la crise de la zone euro, il s’est montré beaucoup plus nuancé au cours de son second mandat. Et, même si les Pays-Bas auront toujours un représentant — Frank Elderson — au sein du directoire au moment du changement de président, une situation similaire a été réglée assez facilement en 2011, lorsque Lorenzo Bini Smaghi est parti plus tôt que prévu pour faire de la place à Mario Draghi.

Le seul véritable problème de Klaas Knot est qu’il n’est actuellement plus dans le paysage politique.

“Il devra trouver un moyen de rester visible et pertinent dans l’intervalle”, considère l’ancien membre du directoire précité.

Le Néerlandais continue d’entretenir des relations importantes : il conseille le Mécanisme européen de stabilité (le fonds de renflouement de l’UE) sur son positionnement stratégique et la Commission européenne sur l’indépendance des banques centrales dans les pays candidats à l’adhésion. Il reste également un orateur passionné, avec pas moins de cinq interventions lors de la réunion annuelle du Fonds monétaire international le mois dernier.

Mais en deux ans, il peut encore se passer beaucoup de choses dans la politique européenne.

Carlo Boffa a contribué à cet article, qui a d’abord été publié par POLITICO en anglais, puis a été édité en français par Jean-Christophe Catalon.

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