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COP30 : comment l’UE a chassé ses démons climatiques et sauvé un accord peu convaincant

BELÉM, Brésil — L’Union européenne est arrivée au sommet mondial pour le climat cette année dans l’espoir d’exorciser certains de ses démons climatiques. Elle y est parvenue, dans une certaine mesure, puis en a trouvé de nouveaux.

Après une année de querelles intestines qui se sont soldées par un accord de dernière minute sur de nouveaux objectifs de réduction des émissions de gaz à effeet de serre, juste avant le début de la COP30, l’Union européenne a cherché à à plaider en faveur d’une intensification des efforts mondiaux dans la lutte contre le changement climatique.

Mais à Belém, la ville amazonienne qui accueillait les négociations, les Vingt-Sept ont été confronté à une dure réalité géopolitique. En l’absence des Etats-Unis, qui, lors des conférences précédentes, ont collaboré avec les Européens pour promouvoir davantage d’actions en faveur du climat, l’Union européenne a dû lutter contre le poids combiné de la Chine, de l’Inde, de l’Arabie saoudite et d’autres puissances économiques en plein essor.

“Nous vivons une période géopolitique compliquée. Il y a donc une valeur essentielle — même si c’est difficile — à chercher à s’unir”, a déclaré à la presse Wopke Hoekstra, commissaire européen chargé de la politique climatique, après que l’Union a décidé de ne pas s’opposer à l’accord final conclu à l’issue de la conférence climatique.

“Nous n’allons pas cacher le fait que nous aurions préféré en avoir plus, a-t-il déclaré. Mais le monde est ce qu’il est, la conférence est ce qu’elle est, et nous pensons que, dans l’ensemble, c’est un pas dans la bonne direction.”

“On ne s’oppose pas [au texte] parce qu’il n’y a rien d’extraordinairement méchant”, a indiqué à la presse avant son adoption Monique Barbut, ministre de la Transition écologique française, dénonçant un accord “assez plat”.

Le résultat final n’est pas celui pour lequel l’UE s’était battue, même si elle a obtenu quelques concessions après avoir menacé d’opposer son veto à l’accord vendredi, dans les dernières heures de négociations.

Pour apaiser l’UE, ainsi qu’un petit groupe d’autres pays réticents tels que le Royaume-Uni et la Colombie, la présidence brésilienne de la COP30 a modifié son projet d’accord afin de confirmer un accord précédent sur la transition vers l’abandon des combustibles fossiles et a proposé d’entamer une discussion sur la manière de parvenir à cet accord au cours de l’année à venir.

Un débrayage européen a été envisagé jusqu’à l’aube du dernier matin. “Nous avons été à bout de nerfs à certains moments de la nuit, tout comme l’Union européenne, car nous nous sommes dit que nous devions être capables de regarder les gens dans les yeux”, a déclaré Ed Miliband, secrétaire d’Etat britannique à l’énergie.

Les pays développés ont également obtenu la modification d’une proposition visant à tripler le financement de la préparation des pays pauvres aux catastrophes climatiques. Ce financement sera désormais accordé plus tard que ne le souhaitaient les pays en développement et proviendra de sources autres que les budgets des pays riches. Monique Barbut a salué un “volet financier positif pour les pays les plus pauvres”.

Pourtant, les Européens voulaient laisser au Brésil un signal beaucoup plus fort, en lui indiquant clairement la voie à suivre pour s’éloigner des combustibles fossiles.

Mais ils n’ont pas réussi à construire une alliance suffisamment forte pour contrer l’opposition dirigée par l’Arabie saoudite — un effort entravé par des vents géopolitiques contraires ainsi que par des divisions internes qui ont pourchassé l’UE de Bruxelles jusqu’à Belém.

Divisions persistantes

Les divisions sur le changement climatique qui ont marqué l’Union européenne tout au long de l’année ont eu une incidence sur les négociations. Jusqu’à vendredi matin, quelques heures avant la clôture de la conférence, l’Union européenne a été contrainte de rester en retrait chaque fois que des pays du monde entier se réunissaient pour réclamer plus d’ambitions.

Un débrayage européen a été envisagé jusqu’à l’aube du dernier matin. Le ministre britannique de l’énergie, Ed Miliband, a confirmé que la situation avait été très tendue pendant la nuit, pour son pays comme pour l’Union européenne. | Pablo Porciuncula/AFP via Getty Images

Mardi, l’UE n’a pas participé à l’appel lancé par 82 pays, sous l’égide de la Colombie pour encourager une “feuille de route” qui matérialiserait l’accord antérieur de transition vers l’abandon des combustibles fossiles.

De nombreux gouvernements de l’Union européenne, dont la France, ont soutenu individuellement cette initiative, mais deux diplomates ont déclaré que l’Italie et la Pologne ne pouvaient pas soutenir l’accord à l’époque, ce qui a empêché l’Union européenne dans son ensemble de peser de tout son poids en faveur de cet appel. L’Union a fini par proposer sa propre version.

De même, l’UE ne figurait pas parmi la coalition de 29 pays qui a envoyé une lettre à la présidence brésilienne de la COP pour se plaindre qu’un projet de proposition en cours d’élaboration ne contenait pas de référence à la feuille de route ou à d’autres efforts.

La majorité des gouvernements de l’Union européenne ont soutenu la missive, mais dix Etats membres, dont la Grèce, la Hongrie, l’Italie, la Pologne et la Slovaquie, ne l’ont pas fait.

Cette répartition reflète largement les divisions qui ont marqué l’élaboration de la politique climatique de l’UE pendant une grande partie de l’année.

L’Union européenne a passé ces derniers mois à essayer de se mettre d’accord sur une paire de nouveaux objectifs de réduction des émissions, un processus houleux qui s’est heurté à la résistance de pays préoccupés par l’impact des efforts écologiques sur leurs industries nationales.

Les 27 gouvernements ont finalement conclu un accord à la veille de la COP30, fixant de nouveaux objectifs plus souples qu’initialement envisagés, mais qui comptent néanmoins parmi les plus ambitieux au monde.

Toutefois, à ce stade, il était bien trop tard pour que l’UE tire parti de ces objectifs et fasse pression sur d’autres grands émetteurs, tels que la Chine, pour qu’ils intensifient leurs efforts. L’envoyé de Pékin a suggéré dans un entretien avec POLITICO que si l’Union voulait être un leader en matière de climat, elle devait régler ses divisions internes.

Les Européens “avaient l’habitude d’être plus actifs et de se faire entendre. On a l’impression que leur mouvement de balancier sur le continent a un impact, a constaté un négociateur latino-américain. Ils maintiennent leurs positions, ne reviennent pas en arrière, mais ils ne semblent plus aussi forts. C’est comme si la passion avait disparu.”

Isolé à Belém

Pourtant, lorsque tous les pays ont reçu le projet d’accord de la présidence brésilienne vendredi matin, l’UE a décidé de prendre position.

Trois diplomates européens ont déclaré que l’ensemble du bloc était uni dans la fureur contre le texte — des nations les plus ambitieuses en matière de climat, comme le Danemark, aux retardataires, comme la Pologne, se plaignant de la faiblesse du langage sur la réduction des émissions et des lignes rouges franchies en matière de financement.

Tous les ministres ont été invités à téléphoner à leur capitale pour demander l’autorisation d’opposer leur veto à un accord si nécessaire, ont indiqué quatre diplomates. Wopke Hoekstra a déclaré lors d’une réunion organisée par les Brésiliens : “Nous n’allons en aucun cas accepter cela.”

Andre Correa do Lago, président de la COP30. Pour apaiser l’UE, le Royaume-Uni, la Colombie et d’autres pays, la présidence brésilienne de la COP30 a modifié son projet d’accord sur les combustibles fossiles. | Pablo Porciuncula/AFP via Getty Images

“Nous sommes restés unis jusqu’au bout, même si, bien sûr, nous avions tous des divergences d’appréciation sur la situation générale”, a déclaré la ministre française Monique Barbut, qui avait déclaré à plusieurs journalistes que le texte en l’état était “inacceptable”.

La force du message de la délégation de l’UE a toutefois été quelque peu atténuée par sa cheffe de file, Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne. S’exprimant à peu près au même moment au G20 en Afrique du Sud, Ursula von der Leyen a affirmé: “Nous ne luttons pas contre les combustibles fossiles, nous luttons contre les émissions provenant des combustibles fossiles.”

“Elle est une star qui sape ses propres négociateurs pendant la COP”, s’est plaint un diplomate de l’UE.

Mais l’UE a également été confrontée à une nouvelle réalité géopolitique à Belém.

Le ministre allemand du climat, Carsten Schneider, a parlé samedi d’un “nouvel ordre mondial” auquel l’UE devrait s’habituer : “Quelque chose a changé, et c’est devenu très évident ici.”

Tout au long de ces deux semaines, les diplomates européens se sont plaints amèrement des tactiques employées par l’Arabie saoudite et d’autres grands producteurs de pétrole, qui se sont farouchement opposés à tout appel à s’attaquer aux combustibles fossiles.

Selon eux, Riyad et ses alliés ont été enhardis par l’absence des Américains et ont constamment pris la parole lors des réunions pour faire dérailler les négociations. Les notes d’une réunion à huis clos communiquées à POLITICO montrent également que l’Arabie saoudite a cherché à dénoncer l’UE pour avoir imposé des droits de douane sur le carbone.

“Nous avons été confrontés à une pétro-industrie très puissante qui a organisé une majorité de blocage contre tout progrès”, a déclaré Carsten Schneider.

Le bloc était frustré par ce qu’il considérait comme la complaisance du Brésil à l’égard de ses alliés des BRICS (la Chine, l’Inde, l’Afrique du Sud et d’autres économies émergentes), en marchant droit sur les lignes rouges de l’UE en matière d’aide climatique et en poussant le bloc dans des discussions inconfortables sur les mesures commerciales.

Mais les Européens se sont également sentis abandonnés par leurs alliés traditionnels, tels que les petits Etats insulaires, sur lesquels ils comptaient pour soutenir leur action en faveur du climat. Au final, les Européens et une poignée de pays d’Amérique latine sont restés seuls.

“Nous devons mener une véritable réflexion sur le rôle de l’UE dans ces négociations mondiales”, a déclaré un négociateur européen de haut rang. “Nous avons sous-estimé les BRICS et un peu surestimé notre force — et nous avons certainement surestimé l’unité de ceux que nous considérons comme nos alliés.”

LP Staff Writers

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