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Au Royaume-Uni, le gouvernement face à la bombe à retardement des retraites

LONDRES — Le Royaume-Uni a un énorme problème de pensions.

Près de la moitié de ses futurs retraités n’auront pas assez d’argent pour vivre. Mais c’est un problème politiquement cauchemardesque à résoudre.

N’ayant pas les moyens d’augmenter les pensions publiques et ne disposant apparemment d’aucune marge de manœuvre politique pour inciter les entreprises à cotiser davantage aux régimes privés, le gouvernement espère alors que réactiver une commission datant de l’époque de Tony Blair pour chercher ce qui n’a pas fonctionné et trouver les moyens d’y remédier apportera une solution.

Lors du lancement du plan lundi, la secrétaire d’Etat au Travail et aux Retraites, Liz Kendall, a alerté que les retraités font face à “des revenus trop faibles, des risques trop élevés et un système trop inégalitaire”, et a assuré que son gouvernement travailliste “n’esquivera pas le besoin urgent de réforme”.

Mais pour beaucoup, c’est exactement ce qu’a fait le gouvernement britannique, avant même que la commission ne commence ses travaux, et encore moins qu’elle ne rende son rapport en 2027.

Ils ont remis le problème à plus tard, a estimé un dirigeant du secteur des fonds de pension.

Les petites entreprises grincent

Torsten Bell, le sous-secrétaire d’Etat parlementaire aux Retraites, a confirmé à la dernière minute qu’il n’y aurait pas d’augmentation des taux d’adhésion automatique — le pourcentage du salaire qui est automatiquement versé pour une pension, avec des fonds investis et constitués en vue d’un pécule de retraite.

A l’heure actuelle, la cotisation minimale à un régime de retraite professionnel est de 8%, répartie entre l’employé et l’employeur, les entreprises étant tenues d’ajouter au moins 3%.

La City de Londres réclame depuis longtemps une augmentation à 12%, ce qui permettrait au Royaume-Uni de s’aligner sur l’Australie — bien qu’en Australie, les entreprises versent la totalité du montant à un fonds sans que les employés y perdent sur leur bulletin de paie.

Les secteurs bancaire et des fonds de pension voient dans l’augmentation des cotisations un bon moyen pour améliorer les mauvaises prévisions actuelles pour les futurs retraités — tout en garantissant que plus d’argent entre dans La City —, et ils sont déçus que cette option ait été exclue.

“Les contributions totales devront augmenter si nous voulons imiter les succès de l’Australie et du Canada, par exemple”, a plaidé Miles Celic, directeur général de TheCityUK, lobby des services financiers.

Mais les organisations professionnelles craignent qu’une telle hausse pénalise les petites entreprises, qui se plaignent d’être déjà les plus touchées par l’augmentation des cotisations sociales (National Insurance Contributions) annoncée l’année dernière par le chancelier de l’Echiquier. Leur fédération, qui l’avait vu venir en juin, a prévenu qu’une augmentation des cotisations de retraite à 12% verrait “les petites entreprises augmenter leurs prix, supprimer des emplois ou réduire leurs bénéfices”.

Par conséquent, Torsten Bell a déclaré dans une interview au Financial Times dimanche : “Nous excluons toute augmentation des cotisations de retraite au cours de cette législature. Je veux que tout le monde se concentre sur la bonne réponse à long terme.”

Comme c’est souvent le cas dans les dossiers qui dérangent le gouvernement de Keir Starmer, si la commission demande davantage d’investissements, on ne sait pas exactement d’où viendra l’argent.

Leur mission

Les chiffres publiés lundi par le ministère révèlent l’ampleur du problème.

Les retraités de 2050 auraient une pension privée inférieure de 8% à celui des retraités d’aujourd’hui. Plus de quatre personnes sur dix en âge de travailler, soit 14,6 millions de personnes, n’épargnent pas suffisamment pour leur retraite.

Les bas salaires, les travailleurs indépendants et certaines minorités ethniques sont particulièrement exposés au risque de disposer de peu, voire d’aucun fonds pour la retraite, 3 millions de travailleurs indépendants n’épargnant pas pour leur retraite.

L’introduction de l’adhésion automatique en 2012 — qui a vu le jour après la fin de la dernière commission sur les retraites du gouvernement Blair en 2006 — a considérablement augmenté le nombre de personnes qui épargnent pour leur retraite. Mais environ 50% des travailleurs du secteur privé ne versent que la cotisation minimale de 8%.

Ceux qui prennent leur retraite et constatent qu’ils ne disposent pas de fonds suffisants seront encore plus dépendants de la pension d’Etat, qui s’élève actuellement à 230,25 livres sterling (265 euros) par semaine. La commission a été invitée à éviter la question du “triple verrou” (“triple lock”) — une règle, décidée quand les conservateurs étaient au pouvoir, prévoyant que la pension d’Etat augmente chaque année en fonction du chiffre le plus élevé entre l’inflation, la hausse des salaires ou 2,5%. Le Parti travailliste s’est engagé à maintenir cette règle pendant la présente législature, mais pas pendant la suivante s’il remporte un nouveau mandat.

La commission n’est pas non plus en mesure de recommander des changements concernant les cotisations d’adhésion automatique. Il lui a été demandé de ne pas se pencher sur les généreux allègements fiscaux en matière de retraite. Enfin, le gouvernement étudie séparément la question du relèvement de l’âge de la retraite.

Les ministres ont mis en suspens leur projet d’étendre l’adhésion automatique aux épargnants âgés de 18 à 20 ans jusqu’à ce que la commission rende son rapport en 2027, d’après un responsable au ministère du Travail et des Retraites. Cette mesure a été légiférée pour la première fois en 2023 sous le précédent gouvernement et devait permettre aux jeunes adultes d’accéder à l’épargne-retraite, mais elle n’a jamais été mise en œuvre.

Liz Kendall et Torsten Bell ont imposé tant de conditions à la commission qu’elle est paralysée avant même d’avoir commencé à travailler, a jugé Steve Webb, ancien ministre des Retraites de David Cameron.

“Ils ont eu une main attachée dans le dos depuis le début”, a pointé Steve Webb.

“Au cœur de tout projet concernant l’avenir des pensions se trouve la question de savoir comment la pension d’Etat y contribuera, pourtant, on leur a dit qu’ils ne devaient pas faire de commentaires sur l’indexation future de la pension d’Etat, en particulier sur la politique du triple verrou.”

“Des obstacles complexes”

La nouvelle commission sera dirigée par Jeannie Drake (membre de la première commission lancée en 2002), Ian Cheshire et le professeur Nick Pearce. Au cours des dix-huit prochains mois, elle explorera les “obstacles complexes qui empêchent les gens d’épargner suffisamment pour leur retraite”, et ses recommandations aideront Torsten Bell à “construire un système de retraite à l’épreuve du temps qui soit solide, équitable et durable”.

Selon Rachel Vahey, responsable de la politique publique chez AJ Bell, la commission devra probablement sortir des sentiers battus pour trouver une approche qui permette d’augmenter les revenus des retraités sans toucher les entreprises.

“La solution pourrait consister à augmenter les taux de cotisation”, a-t-elle avancé. “Mais les nouveaux projets visant à exiger des employeurs qu’ils mettent à nouveau la main à la poche, si peu de temps après l’augmentation de celui de l’assurance nationale, seront profondément impopulaires, même si le Parti travailliste a exclu d’augmenter les cotisations de retraite pour les employeurs au cours de cette législature.”

Les ministres auront au moins dix-huit mois de répit avant que la commission ne publie ses recommandations.

Le gouvernement semble bien conscient du défi qu’il doit relever, puisque les annonces de lundi avaient déjà été retardées de plus de six mois.

“La réforme de l’Etat-providence n’est jamais facile et toujours contestée”, a souligné Liz Kendall.

Cet article a d’abord été publié par POLITICO en anglais et a été édité en français par Jean-Christophe Catalon.

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