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Face à la menace de Poutine, les dirigeants européens poussent pour remodeler l’UE

BRUXELLES — Les provocations de Vladimir Poutine et l’attention limitée de Donald Trump obligent l’Union européenne à se transformer radicalement. Le sommet des dirigeants européens qui se tiendra mercredi en sera la preuve la plus éclatante : l’UE, telle qu’elle était autrefois, n’est plus.

Les menaces qui pèsent sur le sommet de Copenhague sont on ne peut plus inquiétantes. Non seulement des avions de combat russes ont pénétré dans l’espace aérien de l’Otan, poussant Donald Trump et les dirigeants européens à soutenir publiquement l’idée de les abattre, mais l’aéroport même de la capitale danoise où se rendront des dizaines de dirigeants et de responsables a connu d’importantes perturbations la semaine dernière à cause de la présence de mystérieux drones qualifiée par le Danemark d’“attaque hybride”.

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen — ancienne ministre allemande de la Défense —, a poussé pour que les capacités militaires de l’UE fassent l’objet d’un débat sans précédent lors du sommet, allant bien au-delà des sujets traditionnellement abordés, à savoir le commerce international, la concurrence et l’économie. Parmi les options proposées figure la création d’un “mur de drones”, un système qui permettrait de détecter, de suivre et d’abattre les drones, ainsi que des projets visant à garantir que les avions qui s’introduisent dans le ciel européen soient rapidement contrés.

“Le brouillage des avions de chasse est le travail de l’Otan”, souligne un haut responsable de l’UE. Le travail de l’Union “est d’être prête à être dans la position requise lorsque nous devons réagir ; d’améliorer notre état de préparation et de disposer des outils nécessaires pour pouvoir réagir aux menaces en cas de besoin, en renforçant les outils et les capacités communs face à une menace commune”.

Ce sommet est le premier depuis que les 27 dirigeants de l’UE se sont réunis à Bruxelles en juin. Les trois mois qui se sont écoulés depuis ont offert une brève lueur d’optimisme après la rencontre entre Donald Trump et Vladimir Poutine en Alaska, avant de revenir aux démonstrations de force et à un comportement encore plus menaçant qu’auparavant. Alors qu’un deuxième sommet est prévu à Bruxelles à la fin du mois d’octobre, l’UE souhaite que des décisions concrètes soient prises pour renforcer les défenses de l’Europe et apporter de l’argent à l’Ukraine.

Reconnaître le risque posé par Moscou est la partie la plus facile, savoir comment y répondre, au sein d’une UE qui a déjà une longue liste de priorités, en est une autre. Au moins, ils peuvent se mettre d’accord sur une ligne de conduite : ne rien faire qui rende plus probable une guerre totale.

“Le défi pour les dirigeants européens à Copenhague est de trouver un équilibre de dissuasion avec des dirigeants russes de plus en plus enclins à prendre des risques, qui permette de gérer efficacement de tels incidents, sans qu’ils ne dégénèrent en crise ou en conflit potentiel”, analyse Rafael Loss, chercheur en politique de défense au sein du Conseil européen pour les relations internationales, un think tank. “C’est très difficile lorsque le président américain, le plus puissant membre de l’OTAN, dit ‘n’hésitez pas à abattre [les avions russes], mais je ne sais pas si je vous soutiendrai.’”

Pourtant, cette phase plus dangereuse de la politique européenne est semée de catastrophes potentielles. En privé, des responsables gouvernementaux se sont inquiétés de la perspective d’un “moment François-Ferdinand”, où une escalade soudaine menace d’entraîner le continent dans un conflit, comme l’assassinat de l’archiduc en 1914, qui a déclenché la Première Guerre mondiale.

La Pologne a mobilisé des avions de combat et fermé temporairement une partie de son espace aérien dimanche après une attaque russe contre l’Ukraine qui, selon le président du pays, Volodymyr Zelensky, a duré plus de douze heures. En appelant l’Europe à renforcer sa défense, Volodymyr Zelensky a prévenu que le Kremlin ne visait pas seulement l’Ukraine.

“Poutine n’attendra pas de terminer sa guerre en Ukraine, il ouvrira une autre voie”, a déclaré Volodymyr Zelensky. “Personne ne sait où.”

Prêt à dépenser

Si les principes fondamentaux de la défense font l’objet d’un consensus général ― alors même que l’Europe est amèrement divisée sur le plan politique entre un centre qui s’effrite et une droite populiste en pleine ascension ―, la question du financement de ce qui doit suivre oppose les dirigeants les uns aux autres. La transformation de l’UE en une puissance mondiale efficace coûte de l’argent et les gouvernements nationaux ne sont pas tous d’accord sur le montant à dépenser, et encore moins sur le contenu.

Les chefs militaires insistent sur le fait que l’Europe est déjà confrontée à une guerre de faible intensité avec la Russie. Historiquement, disent-ils, les guerres n’ont été gagnées que grâce à la dette publique, et un signal indiquant que l’UE est prête à dépenser peut faire partie de la dissuasion.

La Pologne a fait décoller des avions de chasse et a temporairement fermé une partie de son espace aérien dimanche après l’attaque russe contre l’Ukraine. | Marian Zubrzycki/EPA

Mais donner à l’Union un budget plus important à dépenser pour quoi que ce soit a rarement été populaire, et encore moins maintenant que des dirigeants nationaux sont arrivés au pouvoir avec une rhétorique anti-UE.

Alors que même des pays pro-Kremlin, comme la Hongrie et la Slovaquie, se félicitent de ces fonds supplémentaires pour les armes, la formation et le matériel y voyant un coup de pouce pour leurs économies, d’autres comme l’Espagne minimisent le risque de guerre alors qu’ils tentent de protéger leurs budgets déjà très serrés. Les Pays-Bas, la Suède et l’Allemagne ont toujours été préoccupés à l’idée d’emprunter davantage pour financer le réarmement militaire et l’aide à l’Ukraine.

Mais il n’y a rien de tel que la menace d’une invasion pour capter l’attention. Les diplomates espèrent que les menaces croissantes aideraient à prendre des décisions qu’ils auraient hésité à prendre auparavant.

“C’est un équilibre difficile à trouver, car on ne veut pas terrifier les gens, mais on veut que les dirigeants soient suffisamment conscients des risques pour les prendre au sérieux”, expose un diplomate impliqué dans les discussions européennes.

Isoler Orbán

Le temps ne joue pas en faveur de l’UE. L’Ukraine est confrontée à un déficit budgétaire d’environ 23 milliards de dollars pour l’année prochaine, ce qui ne laisse que quelques mois aux gouvernements pour fournir une importante somme d’argent afin de soutenir l’effort de guerre de Kiev. Ursula von der Leyen pense avoir trouvé la solution sous la forme d’un “prêt de réparation” de 140 milliards d’euros, financé par l’argent russe sanctionné. Ces fonds proviendraient d’actifs russes gelés par l’UE depuis le début du conflit ukrainien en 2022.

Le Premier ministre hongrois Viktor Orbán fait obstacle au projet de l’UE de saisir les actifs, mais la Commission pense avoir trouvé une solution juridique pour exclure la Hongrie du processus décisionnel. Les dirigeants discuteront du plan mercredi et espèrent prendre une décision formelle lors du deuxième sommet, fin octobre.

Même des pays pro-Kremlin, comme la Hongrie et la Slovaquie, se félicitent de ces fonds supplémentaires pour les armes, la formation et le matériel y voyant un coup de pouce pour leurs économies. | Martin Divisek/EPA

“L’objectif [à Copenhague] est d’obtenir un soutien suffisant de la part des autres pays pour isoler Orbán”, explique un diplomate de l’UE. “Nous sommes dans une zone grise.”

Le sommet de Copenhague est une nouvelle étape dans le nouveau chapitre de l’UE. Mais ce qui n’a pas changé, c’est que l’Union peine toujours à prendre les devants et que ses options semblent minces.

“Je ne pense pas qu’il y ait le moindre intérêt à vouloir affronter Vladimir Poutine, à s’engager dans un quelconque conflit armé pour défendre les ‘Européens socialistes’”, estime Max Bergmann, directeur du programme Europe, Russie et Eurasie au Center for Strategic and International Studies, un think tank basé à Washington. Ayant déjà imposé de lourdes sanctions, l’Europe n’a plus de “solution miracle” évidente.

Jordyn Dahl, à Bruxelles, a contribué à cet article, qui a d’abord été publié par POLITICO en anglais, puis a été édité en français par Jean-Christophe Catalon.

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