Wednesday, 08 October, 2025
London, UK
Wednesday, October 8, 2025 8:18 PM
few clouds 13.5°C
Condition: Few clouds
Humidity: 79%
Wind Speed: 6.6 km/h

Von der Leyen espère amadouer ses détracteurs en se montrant plus avenante

BRUXELLES ― Ursula von der Leyen a une nouvelle stratégie pour convaincre ses adversaires de la soutenir : écouter davantage, parler avec eux et même céder un peu de terrain.

Sa tactique est apparue clairement lors de la phase préparatoire des deux votes de défiance du Parlement européen de cette semaine. Et ses détracteurs des autres partis que le sien ont avoué qu’elle fonctionnait.

La présidente de la Commission européenne “a montré dernièrement une plus grande volonté de consultation, de coopération et un engagement plus fort pour rassembler les gens autour de la table, y compris [sur] le programme de travail 2026 [de la Commission]”, observe Valérie Hayer, la dirigeante du groupe libéral Renew Europe, auprès POLITICO. “C’est un pas dans la bonne direction qui aurait dû être fait depuis longtemps.”

Ursula von der Leyen comptera sur les votes du groupe de Valérie Hayer, ainsi que sur ceux du Parti populaire européen (PPE) — dont elle est issue —, et des Socialistes et démocrates, lorsque les eurodéputés voteront jeudi. Les trois partis centristes ont traditionnellement soutenu la présidente de la Commission et l’ont élue pour un nouveau mandat qui a débuté le 1er décembre.

C’est la deuxième fois en trois mois qu’elle est confrontée à un vote de défiance, et ces groupes n’ont pas été satisfaits de plusieurs décisions prises dernièrement dans les domaines de la politique commerciale, du prochain budget septennal de l’UE et — pour les socialistes et les libéraux en particulier — de sa volonté d’assouplir la réglementation, qu’ils considèrent comme un recul par rapport aux engagements écologiques.

Personne ne s’attend sérieusement à ce qu’elle tombe : les deux motions ont été déposées par l’extrême gauche et l’extrême droite et, même conjugués, leurs votes sont loin d’être suffisants pour la faire tomber. Cette fois-ci, son équipe n’a même pas demandé aux services de la Commission d’évaluer les résultats probables, comme elle l’avait fait en juillet, d’après deux responsables de l’exécutif européen.

Mais les chiffres ont leur importance, d’autant plus qu’Ursula von der Leyen devra s’appuyer sur le soutien de l’ensemble du centre pour faire passer son programme dans les mois à venir.

Son attitude s’est éloignée du style plus combatif dont elle a fait preuve avant l’été, et qui a semblé lui aliéner de nombreuses personnes dont le soutien lui est nécessaire.

Sa nouvelle stratégie en trois étapes indique un ton plus coopératif et une volonté de discuter plutôt que d’affronter, selon des échanges avec cinq responsables de la Commission, du parti d’Ursula von der Leyen et du Parlement européen, qui ont tous parlé à POLITICO sous couvert d’anonymat en raison de la nature sensible des délibérations.

Etape 1 : dialoguer plus, écouter plus

Ce changement a commencé avant son discours sur l’état de l’Union en septembre, retracent deux responsables du Parlement à POLITICO. C’est à ce moment-là que le cabinet de von der Leyen a fait pression pour conclure une révision de l’accord-cadre, longtemps bloquée, qui définit la manière dont la Commission et le Parlement travaillent ensemble.

Les discussions ont traîné pendant des mois, bloquées par les exigences du Parlement, jugées trop ambitieuses par la Commission.

En fin de compte, un accord a été conclu — modeste, car les deux institutions divergent fortement sur la manière dont elles devraient coopérer, mais politiquement utile pour chacune d’entre elles. Le principal objectif de la Commission était de désamorcer les critiques selon lesquelles von der Leyen ne faisait pas assez pour rétablir la confiance avec les députés européens.

Ce changement a commencé avant son discours sur l’état de l’Union en septembre, retracent deux responsables du Parlement à POLITICO. | Sebastien Bozon/AFP via Getty Images

Depuis, elle a fait des gestes notables. Dans son discours sur l’état de l’Union, elle a tenu à mentionner les horreurs commises à Gaza, signe qu’elle était prête à écouter les eurodéputés socialistes, verts et de La Gauche.

Elle a également glissé une référence au Pacte vert — autrefois son slogan favori pour les règles climatiques qu’elle voulait introduire, mais qui a été largement délaissé pendant la campagne des élections européennes de l’année dernière.

Ces deux clins d’œil visaient directement les députés européens qui estimaient que leurs demandes sur ces questions avaient été ignorées depuis longtemps.

“Il y a plus de contacts à différents niveaux depuis juillet”, relate un responsable de la Commission proche de l’équipe d’Ursula von der Leyen, soulignant que ces contacts venaient non seulement de la présidente, mais aussi de ses principaux collaborateurs, y compris d’autres commissaires.

Mardi, les vice-présidents exécutifs de la Commission rejoindront la Conférence des présidents des commissions du Parlement — l’organe interne qui coordonne le travail des commissions parlementaires. Ursula von der Leyen n’y participera pas, mais l’exécutif européen sera à l’écoute des demandes du Parlement, selon le responsable de la Commission précité.

“Appels téléphoniques, réunions, dîners : il y a des discussions, des négociations et finalement des compromis”, résumé un responsable du groupe du PPE. “C’est tout simplement de la politique.”

Etape 2 : concéder (un peu) plus

Les contacts entre l’équipe de von der Leyen et celles des présidents du PPE, des socialistes et des libéraux s’intensifient avant la présentation du programme de travail annuel de la Commission pour 2026 (le document qui définit les priorités législatives de l’UE).

Celui-ci est utilisé par les partis centristes pour stabiliser la situation au cours de l’année à venir, en signant un programme commun qu’ils peuvent tous soutenir.

Il sert également de monnaie d’échange, car il permet à Ursula von der Leyen de compter sur un meilleur soutien de la part des députés européens lorsqu’un texte de loi sera proposé l’année prochaine.

Jeudi, lorsque les eurodéputés participeront au vote de défiance à Strasbourg, l’Allemande sera de retour à Bruxelles pour s’exprimer au Global Gateway Forum, un événement annuel organisé par l’exécutif européen pour stimuler les investissements dans des infrastructures dans le monde entier. A noter qu’elle ne sera pas présente dans la salle au moment du vote. Toutes les tractations devront donc avoir lieu dans les heures avant qu’elle ne quitte la cité alsacienne.

Ursula von der Leyen a rempli son emploi du temps à Strasbourg de réunions avec des groupes politiques, d’après un responsable de la Commission.

“L’objectif est de discuter du programme de travail de la Commission, et ces réunions serviront également à préparer le vote, car les groupes demanderont probablement des victoires politiques”, a-t-il expliqué.

Un autre responsable de l’exécutif européen a toutefois minimisé l’idée de cadeaux de dernière minute. “Il y a beaucoup de communication entre la Commission et le Parlement dans la préparation du programme de travail, mais c’est la même chose chaque année”, assure-t-il.

Etape 3 : affronter moins

Si, en juillet, von der Leyen n’y allait pas par quatre chemins, toute personne votant contre elle faisait grosso modo le jeu de la Russie, trois mois plus tard, il est clair qu’elle s’est rendu compte que la stratégie “si vous n’êtes pas avec moi, vous êtes avec Moscou” ne fonctionnait pas.

“Je sais que certains d’entre vous ne savent pas encore comment voter cette semaine”, a-t-elle confié aux députés lors du débat parlementaire de lundi soir. “C’est pourquoi je tiens à renouveler ma promesse que ce collège [des 27 commissaires] s’engagera avec vous dans n’importe quel format nécessaire pour essayer de trouver les réponses ensemble.”

Le ton qu’elle a adopté tout au long de son intervention était nettement plus mesuré. “C’est un piège et nous ne devons pas nous y laisser prendre”, a-t-elle invité en faisant référence à ceux qui, selon elle, tentent de diviser l’UE.

Elle a même reconnu que de nombreuses critiques “viennent d’inquiétudes authentiques et légitimes”, citant Gaza, l’Ukraine, le commerce et les relations avec les Etats-Unis.

Même son discours était plus léger. Elle n’a parlé que sept minutes, soit plus de moitié moins qu’en juillet.

Alors que le débat se poursuivait, elle a demandé à la présidente du Parlement, Roberta Metsola, s’il était possible de quitter l’hémicycle en levant le pouce. La Maltaise le lui a permis.

Cette attitude d’Ursula von der Leyen contraste nettement avec celle qu’elle avait eue en janvier, lorsqu’elle avait quitté en plein milieu un débat parlementaire sur sa décision controversée de débourser des milliards d’euros de fonds européens pour la Hongrie, suscitant la colère des députés de tous bords.

C’est un changement subtil. Mais il n’est pas passé inaperçu.

Cet article a d’abord été publié par POLITICO en anglais, puis a été édité en français par Jean-Christophe Catalon.

LP Staff Writers

Writers at Lord’s Press come from a range of professional backgrounds, including history, diplomacy, heraldry, and public administration. Many publish anonymously or under initials—a practice that reflects the publication’s long-standing emphasis on discretion and editorial objectivity. While they bring expertise in European nobility, protocol, and archival research, their role is not to opine, but to document. Their focus remains on accuracy, historical integrity, and the preservation of events and individuals whose significance might otherwise go unrecorded.

Categories

Follow

    Newsletter

    Subscribe to receive your complimentary login credentials and unlock full access to all features and stories from Lord’s Press.

    As a journal of record, Lord’s Press remains freely accessible—thanks to the enduring support of our distinguished partners and patrons. Subscribing ensures uninterrupted access to our archives, special reports, and exclusive notices.

    LP is free thanks to our Sponsors

    Privacy Overview

    Privacy & Cookie Notice

    This website uses cookies to enhance your browsing experience and to help us understand how our content is accessed and used. Cookies are small text files stored in your browser that allow us to recognise your device upon return, retain your preferences, and gather anonymised usage statistics to improve site performance.

    Under EU General Data Protection Regulation (GDPR), we process this data based on your consent. You will be prompted to accept or customise your cookie preferences when you first visit our site.

    You may adjust or withdraw your consent at any time via the cookie settings link in the website footer. For more information on how we handle your data, please refer to our full Privacy Policy