LONDRES — Opposés sur le terrain politique, Donald Trump et Keir Starmer n’en sont pas moins des amis sur le plan personnel. Les deux hommes, qui se sont exprimés lors d’une conférence de presse commune ce jeudi à Chequers en Grande-Bretagne, ont noué des liens authentiques qui ont donné aux conseillers l’espoir de progresser sur les nombreuses questions épineuses qui sont sur la table.
Plusieurs responsables de la Maison-Blanche ont décrit à POLITICO la relation entre les deux dirigeants, brossant le tableau d’un duo improbable où chacun modère les opinions de l’autre.
“Certains disent que Starmer est plus libéral, que le président Trump est plus conservateur. Mais en attendant, ils se rejoignent sur la manière de travailler ensemble. Et le président est tout à fait disposé à écouter le point de vue de Starmer, indépendamment de son idéologie politique”, a relaté Steve Witkoff, l’envoyé spécial de Donald Trump, dans une interview exclusive accordée à POLITICO lors de son voyage au Royaume-Uni.
La relation étonnamment chaleureuse du Premier ministre britannique offre un modèle aux dirigeants européens qui cherchent désespérément à garder les bonnes grâces de Trump, alors qu’ils poussent pour une plus grande coopération sur l’Ukraine et contre les droits de douane élevés qui sont devenus la marque de fabrique de son administration — en particulier si le dirigeant britannique repart avec des concessions commerciales supplémentaires, en plus des annonces d’investissements dans la tech faites en début de semaine.
Steve Witkoff, qui a été chargé d’aider le président américain à conclure des accords de paix en Ukraine et à Gaza, a participé à de nombreuses réunions avec les deux hommes.
“Je n’ai jamais entendu [Starmer] faire la morale. Je ne l’ai jamais entendu dire quelque chose de condescendant”, a-t-il confié. “Et d’ailleurs, le président lui témoigne le même respect.”
Un autre responsable de la Maison-Blanche relate, qu’au début du second mandat de Trump, l’une des principales préoccupations était de savoir comment les dirigeants du monde s’entendraient avec le président.
Keir Starmer était si différent sur le plan politique que l’administration ne s’attendait pas à de bonnes relations.
“Mais ils sont devenus un duo improbable”, résume-t-il.
Steve Witkoff a vu Trump et Starmer “modérer” leurs opinions après avoir écouté l’autre.
“Ils finissent tous deux par s’adapter. Et ça ne veut pas dire qu’ils trahissent une partie de leur électorat. Ça veut dire qu’ils modulent la façon dont ils réfléchissent pour prendre une décision.”
Le contraste est frappant par rapport aux relations qu’entretenait Donald Trump outre-Atlantique au cours de son premier mandat. Cette période avait été marquée par une attitude combative à l’égard de l’Europe et de l’Otan, affirmant souvent que les Etats-Unis et lui-même étaient maltraités et pas respectés par les alliés.

Sa visite historique en grande pompe au Royaume-Uni montre à quel point les choses ont changé. Et Keir Starmer a tout fait pour que Trump se sente écouté.
“Il y a eu de nombreuses occasions où j’ai entendu le président dire au Premier ministre : ‘Pourquoi ne l’envisagez-vous pas sous cet angle ?’ Et j’ai entendu Starmer acquiescer et lui répondre : ‘Laissez-moi y réfléchir’”, a relaté Steve Witkoff. Il y a une “facilité” dans leur relation, a-t-il poursuivi, qui est le résultat d’une véritable amitié.
Deux autres responsables de la Maison-Blanche ont utilisé le mot “amitié” pour décrire leur relation. L’un d’entre eux a confié à POLITICO qu’ils avaient des divergences sur de nombreuses politiques.
“Trump donne parfois du fil à retordre à Starmer sur l’énergie, en particulier sur les éoliennes. Mais ils ont trouvé un terrain d’entente sur le nucléaire. Ils discuteront donc de ces sujets. Et rien de tout cela ne les empêche de travailler ensemble.”
Cet article a d’abord été publié par POLITICO en anglais et a été édité en français par Jean-Christophe Catalon.
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