PARIS — La fin du film est déjà connue, mais les dialogues restent encore à écrire. François Bayrou va prononcer lundi ce qui devrait être son dernier discours de Premier ministre, devant des députés qui comptent baisser le pouce.

POLITICO vous donne les clés (et les petits secrets) d’une séance qui s’annonce électrique et historique à l’Assemblée nationale.

Le script. Ce face-à-face entre le pouvoir exécutif et législatif se tient à l’occasion d’une rentrée parlementaire avancée au 8 septembre, comme souhaité par le Premier ministre, qui a décidé de prononcer une déclaration de politique générale à l’issue de laquelle il se soumettra à un vote de confiance.

Contrairement au vote d’une motion de censure, pour lequel il faut une majorité absolue des députés siégeant à l’Assemblée afin de faire chuter l’équipe en place, il suffit ici qu’une majorité des députés présents votent contre le gouvernement pour le renverser.

Autant dire qu’un tel vote se tient généralement devant une enceinte acquise, comme cela fut le cas, le 15 juillet 2020, pour Jean Castex (345 pour, 177 contre). Depuis, aucun de ses successeurs à Matignon (Elisabeth Borne, Gabriel Attal et Michel Barnier) ne s’était risqué à engager ainsi la responsabilité de son gouvernement, faute de majorité absolue.

Le choix de François Bayrou de se soumettre à une telle épreuve en a donc surpris plus d’un. Au dernier pointage, de l’extrême droite aux quatre groupes de gauche, environ 330 députés étaient décidés à voter contre lui et ses ministres. Une défaite annoncée, dans un hémicycle qui compte actuellement 574 élus pour 3 sièges vacants.

Le casting. Le Premier ministre prendra d’abord la parole, à 15 heures. Il n’a aucune limite de temps, mais il existe une règle d’or : plus le discours dure et plus le risque de chahut est grand. Chacun des 11 groupes politiques peut ensuite envoyer un orateur à la tribune. Selon un ordre tournant, c’est le groupe socialiste qui aura l’honneur de tirer le premier, a appris POLITICO auprès de la présidence de l’Assemblée.

Voici l’ordre des prises de parole : PS, DR, Ecologistes, Les Démocrates (MoDem), Horizons, Liot, GDR (communistes), UDR, RN, EPR, LFI et un non-inscrit.

Le groupe Ensemble pour la République, inscrit dans la majorité, disposera de trente-cinq minutes, tandis que les groupes RN, DR et MoDem auront chacun un quart d’heure. Traditionnellement, les présidents de groupe se livrent à l’exercice : Marine Le Pen, le socialiste Boris Vallaud ou l’Insoumise Mathilde Panot sont en train d’affûter leur prose.

Les autres groupes, plus petits, parleront dix minutes maximum, tandis que cinq minutes sont accordées à un élu sans groupe politique, pas encore désigné à cette heure.

Le Premier ministre aura ensuite la possibilité de répondre aux interpellations des députés, depuis le banc où ses ministres sont censés faire bloc.

La durée du film. En comptant une heure de discours du locataire de Matignon, l’ensemble des 12 interventions, le droit de réponse de l’intéressé, et un vote papier à l’ancienne dans les salles attenantes à l’hémicycle (ajouter trente minutes de plus), le verdict ne sera pas connu avant 19 heures, au plus tôt.

Une coprojection au Sénat. Ce huis clos se reproduira en même temps au Palais du Luxembourg. La numéro 2 du gouvernement, Elisabeth Borne, devrait lire au nom de son patron le même discours aux sénateurs, bien qu’ils ne puissent ni voter ni répondre — les interjections restent évidemment possibles.

L’épilogue. En cas de vote négatif, le Premier ministre devra remettre sa démission au président de la République. Selon toute vraisemblance, le 9 septembre, la France se réveillera sans gouvernement, en attendant le prochain choix d’Emmanuel Macron.