Wednesday, 29 October, 2025
London, UK
Wednesday, October 29, 2025 8:19 AM
overcast clouds 12.2°C
Condition: Overcast clouds
Humidity: 83%
Wind Speed: 13.0 km/h

Loi Duplomb : derrière l’explosion de la pétition, ces influenceurs qui ont allumé la mèche

PARIS — C’est un compteur qui ne cesse de grossir : 1,7 million de personnes ont signé la pétition contre la loi Duplomb, déposée le 10 juillet sur le site de l’Assemblée nationale par Eléonore Pattery, une étudiante de 23 ans.

Définitivement adoptée par le Parlement le 8 juillet, la loi Duplomb cristallise les débats depuis plusieurs semaines. En cause : la réintroduction de l’acétamipride, un pesticide reconnu toxique pour l’environnement et banni en France depuis 2018. Une “aberration scientifique” selon l’autrice de la pétition, élève en master qualité, sécurité, environnement et responsabilité sociétale.

L’initiative spontanée de la jeune étudiante n’a pas décollé comme par magie. Le premier à allumer la mèche s’appelle Thomas Wagner, à la tête du média écologiste Bon Pote. Le 10 juillet, il mène le combat contre la loi sur les réseaux, et s’en prend sur Instagram à Gabriel Attal. Il accuse le chef des députés macronistes de véhiculer des “arguments scientifiquement faux” sur ce texte qui vise à lever les contraintes sur les agriculteurs.

Mais son commentaire est masqué quelques heures plus tard par l’ex-Premier ministre, narre-t-il à POLITICO.

Il n’en fallait pas plus à Thomas Wagner pour passer à l’offensive : sur ses comptes LinkedIn et Instagram, il décide de relayer la pétition le 17 juillet, qu’il repère grâce aux lecteurs de Bon Pote. Il l’accompagne d’un message dénonçant l’absence de débat dans l’hémicycle au moment du vote du texte par les députés.

L’argument fait mouche : sa publication cumule rapidement des dizaines de milliers de visionnages. Pour le fondateur du média partisan, le fait qu’une personne non encartée et non militante soit derrière cette initiative fait toute la différence : “Cela évite que la pétition soit étiquetée politiquement.”

Son hébergement sur le site de l’Assemblée nationale — qui requiert l’identification de l’auteur via France Connect — a aussi pu convaincre les plus méfiants que la démarche n’est pas liée à “l’intervention d’un lobby quelconque”, analyse Victor Boury, le cofondateur de la société Backbone, spécialisée dans l’analyse de l’expression de l’opinion en ligne. 

Une aubaine pour les militants écologistes, les ONG — comme Greenpeace — et les gros créateurs de contenus comme Hugo Clément et Camille Etienne qui, toute l’année, “préparent le terrain numérique à ce type de mobilisation et peuvent rapidement rebondir”, analyse Victor Boury.

!function(){“use strict”;window.addEventListener(“message”,(function(a){if(void 0!==a.data[“datawrapper-height”]){var e=document.querySelectorAll(“iframe”);for(var t in a.data[“datawrapper-height”])for(var r=0;r<e.length;r++)if(e[r].contentWindow===a.source){var i=a.data["datawrapper-height"][t]+"px";e[r].style.height=i}}}))}();

Grosses et petites têtes d’affiche

Soufflant sur les braises, Thomas Wagner entretient ensuite le feu en encourageant de nombreux influenceurs lifestyle à relayer la pétition. Un moyen essentiel, selon lui, de dépasser les cercles d’internautes déjà convaincus par les thèmes écologistes. 

Pour y parvenir, le militant incite sa communauté à interpeller dans l’espace commentaire de leurs publications Instagram les personnalités qui n’ont pas encore pris position sur la pétition. A l’instar de Squeezie, Tibo Inshape ou Léna Situations.

“Notre objectif, c’est de les mettre au courant pour qu’ils ne puissent pas dire qu’ils n’avaient pas vu et, en privé, on prend le temps d’échanger avec eux plus en détail”, précise le fondateur de Bon Pote. Une stratégie gagnante : les influenceurs EnjoyPhoenix ou Jujufitcats, l’acteur Pierre Niney ou encore la mannequin Charlotte Lemay ont répondu présents.

Le succès est aussi dû au fait que d’autres collectifs ont préparé le terrain en effectuant, en parallèle, une sensibilisation aux questions environnementales sur le long terme. L’organisation On est là organise, par exemple, des stages à destination des influenceurs. Le dernier a d’ailleurs eu lieu du 1er au 3 juillet, juste avant le vote de la loi Duplomb.

Sans surprise, la réforme a été “largement évoquée au cours de cette formation”, rapporte Amélie Deloche, créatrice de contenu et cofondatrice du compte Paye ton influence, présente lors de ce stage avec une dizaine d’autres tiktokeurs et micro-influenceurs. “C’est la première fois que des créateurs de contenu parlent aussi massivement d’un tel sujet et, plus ils sont nombreux, plus ça va devenir compliqué pour les députés d’assumer le vote d’une telle loi”, estime Deloche.

Bouche-à-oreille et santé publique

Si la recette fonctionne, c’est aussi grâce à de nouveaux ingrédients : les comptes militants ont pris le parti de publier à chaque nouveau record de signatures franchi, créant un effet de mode. Et ces paliers sont largement communiqués par les médias mainstream, tout aussi curieux du phénomène. 

“C’est une viralité nourrie par l’ego citoyen”, explique Victor Boury, de Backbone consulting, qui souligne qu’il ne faut pas non plus sous-estimer l’effet du “bouche-à-oreille hors ligne”.

Sa société a ainsi évalué à plus d’un million l’engagement autour de la pétition — c’est-à-dire le fait de la relayer — rien que sur Instagram. Elle fait également état de plus de 70 000 interactions sur le sujet sur X, et autour de 13 000 sur le réseau Bluesky.

La pétition cristallise aussi, au-delà de l’écologie, les inquiétudes sur l’enjeu de santé publique que pose la politique agricole du pays. De nombreux témoignages ont ainsi été relayés par le collectif Cancer Colère, incarné par la militante Fleur Breteau, figure ouvertement opposée à la loi.

“C’est à la fois enthousiasmant et étonnant qu’une pétition orientée sur la santé environnementale batte un nouveau record”, analyse Justine Ripoll, responsable des campagnes de Notre affaires à tous. Son association avait lancé, avec d’autres ONG, “L’Affaire du siècle” en 2018 pour poursuivre l’Etat en justice pour inaction climatique.

A l’époque, la pétition, déposée sur le site du même nom, avait été la plus signée en France avec 1 million de paraphes récoltés en moins d’une semaine, et 2 millions au bout de trois semaines.

Alexandre Léchenet et Judith Chetrit ont contribué à cet article.

Cet article a été mis à jour pour préciser le nombre de signatures de la pétition L’Affaire du siècle.

LP Staff Writers

Writers at Lord’s Press come from a range of professional backgrounds, including history, diplomacy, heraldry, and public administration. Many publish anonymously or under initials—a practice that reflects the publication’s long-standing emphasis on discretion and editorial objectivity. While they bring expertise in European nobility, protocol, and archival research, their role is not to opine, but to document. Their focus remains on accuracy, historical integrity, and the preservation of events and individuals whose significance might otherwise go unrecorded.

Categories

Follow

    Newsletter

    Subscribe to receive your complimentary login credentials and unlock full access to all features and stories from Lord’s Press.

    As a journal of record, Lord’s Press remains freely accessible—thanks to the enduring support of our distinguished partners and patrons. Subscribing ensures uninterrupted access to our archives, special reports, and exclusive notices.

    LP is free thanks to our Sponsors

    Privacy Overview

    Privacy & Cookie Notice

    This website uses cookies to enhance your browsing experience and to help us understand how our content is accessed and used. Cookies are small text files stored in your browser that allow us to recognise your device upon return, retain your preferences, and gather anonymised usage statistics to improve site performance.

    Under EU General Data Protection Regulation (GDPR), we process this data based on your consent. You will be prompted to accept or customise your cookie preferences when you first visit our site.

    You may adjust or withdraw your consent at any time via the cookie settings link in the website footer. For more information on how we handle your data, please refer to our full Privacy Policy